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Des petites adaptations pour une pédagogie plus ajustée

samedi 20 septembre 2014, par Christine Landel, Laëtitia Vinck

Ce texte est extrait du recueil des actes des Journées CHARGE 2014, disponible en téléchargement.

1 - PRÉSENTATION DE CÉCILE :
Cécile : petite fille présentant le syndrome et qui est arrivée au CESSA en échec face aux apprentissages, avec un besoin de contrôler les choses.
On n’arrivait pas à croiser son regard.
Pourtant, nous avons pu constater assez rapidement que cette petite fille possédait des capacités.
L’équipe a beaucoup travaillé dans un premier temps sur la frustration, Cécile n’ayant pas dépassé ce stade, ce qui bloquait toute nouvelle acquisition (Présentation de jeux, notamment).
Puis , nous avons été amenés à aménager son espace dans le cadre de la classe.

2 - PRÉSENTATION DES PETITES ADAPTATIONS FAITES EN CLASSE :

  • Pour le regroupement : à la place d’un simple banc, nous avons mis une chaise avec accoudoirs afin de bien stabiliser les troubles de l’équilibre ; étant bien calée, elle a pu, de ce fait, refaire de petits gestes par mimétisme. D’autre part, elle s’est retrouvée à une hauteur où il nous a été plus facile de capter son regard.
  • Le calendrier : nous lui avons présenté un calendrier fait avec de petits rouleaux et une pince à linge.
    Alors que Cécile n’arrivait pas à répondre à la question « quel jour on est ? », elle plaçait sans problème la pince à linge sur le jour de la semaine qui était le bon. Ce n’était donc pas qu’elle ne savait pas, mais par la manipulation, ça prenait du sens.
  • Pour le travail à sa table, sur le cahier, nous lui avons fait des repères, car il lui était impossible de commencer quoi que ce soit sur une page entièrement blanche ; de même pour un dessin sur une feuille vierge. (cf. encadrement couleur de la feuille, cf. création d’emplacements pour les images séquentielles, cf. présentation d’une page avec des colonnes de mots).
  • Pour l’écriture : Cécile présentant des difficultés de psychomotricité fine et des troubles de la représentation dus au syndrome, la plupart des tentatives pour écrire prenait beaucoup de temps et surtout nécessitait beaucoup d’énergie de la part de Cécile ; nous lui avons donc présenté des lettres aimantées et elle s’est montrée particulièrement performante dans le repérage et l’écriture des mots demandés.
  • Les mathématiques : tout ce qui est abstrait est relativement difficile pour les enfants qui ont le syndrome CHARGE et notamment le logico-mathématique, à cause de la représentation du corps dans l’espace et des troubles de l’équilibre :
    • ◊ Par exemple, Cécile était capable, quand elle est arrivée dans notre centre, d’aligner les chiffres de 1 à 10. Longtemps elle en est restée à ranger ceux-ci sans pouvoir aller plus loin, un peu comme la comptine... 1, 2, 3, je m’en vais au bois... 4, 5, 6, cueillir des cerises... etc. Nous avons représenté un aquarium avec des poissons exotiques (particulièrement attrayants), facilement manipulables parce que plastifiés, la suite des chiffres et des nombres jusqu’à 100 ainsi que des unités... des dizaines. Par la manipulation, l’alignement, Cécile a pu accéder aux nombres au-delà de 10 !
    • ◊ Une fois l’acquisition de la numération jusqu’à 20, nous avons abordé la représentation de la dizaine : une dizaine, équivalente à 10 unités ! Et là, blocage ! Cécile arrivait à représenter 12, 14... 19... en alignant 12... 14... 19 unités mais elle ne pouvait se résoudre à utiliser la dizaine.
    • ◊ Nous avons, alors, imaginé un engin qui lui permettrait de reproduire concrètement ce qui se passe mentalement. C’est ainsi qu’un nouveau « copain » est venu aider les élèves en classe : notre « robomaths ». Il a suffi de quelques manipulations seulement, pour que Cécile accède à la représentation symbolique de la dizaine.
    • ◊ Nous avons abordé aussi les petites additions, sans retenue, avec de petites barquettes en polystyrène et des jetons : ( cf-démonstration) cette planification s’est avérée extrêmement importante, car elle a permis à Cécile d’organiser, de contrôler mentalement les étapes.
    • ◊ Il est à mentionner que Cécile n’a pas mis longtemps à comprendre le principe de la soustraction, lors de la leçon proposée aux plus grands... avec des bonbons ! (elle a bien compris que ce qu’on enlevait... on le mangeait !)... Ne pas oublier que la motivation rentre en jeu et fait du lien avec le vécu !

3 - CONCLUSION :

Il a été extrêmement important de créer tout d’abord avec Cécile un climat de confiance.
Cécile a bénéficié, du regard, de la présence et du soutien de l’adulte. Il a été nécessaire de trouver la bonne distance avec elle sans qu’elle subisse une attente trop forte de notre part.
A partir de là, elle a su nous montrer des capacités insoupçonnées.
Enfin, il est extrêmement important de ne pas oublier que les outils sont un moyen, non un but en soi :
ils ont été créés en fonction de Cécile, à partir de ses difficultés propres, et ce sont ces supports de planifications mises en oeuvre qui lui ont permis d’aller plus loin dans les acquisitions scolaires.

Christine Landel
Professeur CAPEJS
Laëtitia Vinck
Monitrice-Educatrice CESSA - Poitiers

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